Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

zélium.info

Logo Zelium SansTitre 150

 

Boutique en ligne : soutenez Zélium !


PROCHAINS NUMEROS :

Zélium N°10 : mi-juillet


Logo Zminus

Z Minus n°1 : mi-juin

Rechercher

Vous aimez
le blog
de Zélium ?
 
     

Logo Twitter

1 mai 2011 7 01 /05 /mai /2011 14:53



L’arrière-cour des miracles : Zigzag



Lui, on l’appelle Zigzag. Son surnom est certainement en rapport avec son neurone, qui cavalcade en zig-zag dans sa boîte crânienne. Un peu à la façon de l’ancêtre des jeux électroniques, un ping-pong minimaliste. Si l’on osait approcher son oreille de sa tête, sûr qu’on devrait entendre le toc ! toc ! toc ! toc ! Son neurone, également hérité des ancêtres de ses ancêtres, doit être composé principalement de silex. En effet, à chaque fois qu’il se cogne à l’intérieur, il crache une gerbe d’étincelles. C’est à ce moment-là que Zigzag fait ses conneries. Et comme dans sa caboche c’est tous les jours 14 juillet, s’il possède alors le regard lumineux…

n3 Decressac JeanClaude

Été, hiver, il se trimballe constamment en tricot de corps. Même certains étés où il ne fait pas chaud, ainsi que tous les hivers où il fait très froid. Plus exactement, le tricot de corps et son short sont la base de son habillement. Ce sont les gendarmes qui lui ont imposé ce minimum de textile, et ce, depuis ce jour où il se déplaçait sur son mythique vélocipède à pneus pleins, en tutu et les roubignoles au vent. Car si son marcel est immuable – collé à sa peau, jamais lavé – en revanche, en-dessous de la ceinture c’est le folklore surréaliste. Suivant un film vu à la télé, une photo de magazine aperçue sur le kiosque, une jobarderie soufflée par un hurluberlu, ou tout ça à la fois, malaxé dans son essoreuse interne et hop ! on voit parader sur son biclou couinant, ceint ou d’un pagne, d’un drapeau néo-zélandais, de peaux de lapin rehaussées de pattes de poulets, de divers rideaux de douche avec leurs gros anneaux en plastique, d’une mini-jupe d’inspiration Paco Rabane – pour la partie métallique, il avait enfilé des centaines de capsules de canettes de bière – et des dodéca(co)phonistes – pour la partie sonore.

Parfois, il a l’accoutrement très sobre. Il ne porte qu’un simple slip. Là, on peut être certain qu’il a l’intention d’aller se baquer dans la fontaine publique qui glougloute sur la place centrale. Pour l’esthétique du bain, il n’omet pas d’y ajouter un litre de concentré de savon liquide. Celui qui est vendu pour des besoins industriels. Tandis qu’on l’embarque dans le panier à salade, la foule chante le tube de Patrick Sébastien : "Le p’tit bonhomme en mousse !"

Parfois, donc, il s’affuble sobre. Mais lui l’est jamais. Ses cuites sont aussi excentriques que ses oripeaux. Un coup il décide de boire de A à F. Ça démarre avec l’anisette pour se terminer au fernet-branca. Faut quand même passer par le byrrh, la bistouille, le cointreau ou le demian (demi-panaché au vin blanc). Ça peut être, bien sûr, de M à S. Attaquer par le mojito, ma foi pourquoi pas, mais finir par le ricard-suze… La seule lettre bannie est évidemment le O. À jeun, on sait pas, mais il a la boisson douce, marrante et généreuse.

Quand le serveur lui demande s’il ne pourrait pas ramener les verres qu’il a sifflés en terrasse, il ramène en souriant. Avec le lourd guéridon, et sans casse.

Son problème n’est ni dans ses insolites fringues ou ses extravagantes pétées, non le gros problème qui va le faire s’écrouler c’est le pognon. Il en a plein. Il a le trop-plein. Déjà, lorsqu’on a appris – de la pure source sûre des bistrots – qu’il allait toucher un gros héritage, si on s’est retrouvés dubitatifs… Mais lorsque Bernard, le taxi local, nous a confirmé qu’il avait effectué un aller-retour de 1200 bornes pour emmener Zigzag chez un notaire, nos mâchoires ont claqué la carrelage. Bernardo – car muet. Taxi-muet, le rêve – nous a achevés en ajoutant que la course, d’un montant de 1750 euros lui a été réglée comptant, avec en supplément un resto gastronomique, une nuit dans un hôtel quatre étoiles et une passe avec une pute de luxe. Sans compter un pourboire impérial. Et Bernardo, c’est pas le rigolo à Zorro. Il n’y a pas eu besoin de justificatifs. Les mois qui suivent deviennent une ribambelle de confirmations. Que notre farfelu décore son quotidien de façon saugrenue, ben tiens, mais grâce à la manne du tonton Crésus, il pulvérise le baroque. Il peut, dans la même journée, effectuer 60 kilomètres à vélo pour aller récolter une cagette de fraises chez un producteur bio, pour l’offrir à une petite vieille qui veut retrouver le goût des fraises de son enfance, et acheter un scooter à un môme zupard qui bave à la devanture du marchand de bécanes. Il acquiert un side-car qu’il perfectionne d’une barre chromée surmontée d’une vitre coupe-vent teintée. Ainsi, il peut s’y tenir debout grâce à ce point d’appui et faire le tour de la ville en saluant les passants sans craindre le grand-vent. Il rétribue grassement le conducteur de la moto, d’autant plus qu’il est le seul kamikaze à accepter de participer à ce défilé. Tous les autres sollicités l’ayant envoyé chier. Le hic c’est qu’il veut, et il le réalise, parcourir la cité en tenue et casquette d’officier nazi. Bras tendu natÜrlich. Il avait dû visionner un documentaire historique sur Arte ou Papa Schultz sur une chaîne du câble… Même les anciens combattants se marrent en se demandant ce qu’il va nous réserver pour demain. Personne ne fait de paris, c’est perdu d’avance. Il est au-delà des hypothèses. Il y a quelques temps il se promenait en mini jupe et les pieds nus peints d’un enduit blanc. Un jour, on aimerait le croiser en cow-boy ou en indien, voire en cosmonaute. Ça nous reposerait…

Mais ça n’arrivera pas.

Dernièrement, des membres de sa famille sont intervenus pile au moment où il procédait à une transaction. C’est l’office notarial qui les a alertés. Il vendait un de ses appartements pour un euro. À de braves gens qui l’avaient dépanné d’une caisse de Get 27. Alors se sont déclenchés tous ce foutoir de mise sous tutelle et de placement en hôpital psychiatrique. Pour le moment il s’est arrêté à la case SAMU. Il a ingurgité un flacon de Lockheed. Au toubib qui lui a posé la question du pourquoi de son geste, si c’était par inadvertance ou par tendance suicidaire ? Que s’envoyer du liquide de freins c’est pas banal quand même ? Zigzag a répondu banalement qu’il comprenait pas pourquoi on l’expédiait en H.P. Alors il a demandé à un copain qui lui a fourni la réponse : 
"Zigzag, c’est parce que tu sais pas doser le freinage." Voilà tout docteur. Alors j’ai voulu réparer moi-même, pour vivre comme avant.

Hénin-Liétard

Partager cet article
Repost0

commentaires

C
<br /> Belle association,ce duo Decressac,Hénin-Liétard!!!!<br /> <br /> <br />
Répondre